là-bas.

Un morceau choisi du premier opus de la série “La Peau du Temps - Tempus Fugit”.

23h55

…  je résiste.
À quoi ? Je n’en ai pas la moindre idée.
Pourtant.
Je sens qu’il n’est pas l’heure. Pas vraiment. Il est moins cinq. Je suis sure d’avoir encore cinq longues minutes devant moi.
Non. je reste dans mon train. Vaillante. Je veille.
Cinquante sept. Plus que trois minutes.
Où en étais je ? Je n’en ai absolument aucune idée. Comme un vide,  un nuage venu s’interposer entre mon fil et mes pensées.

C’est curieux comme la journée, les importances et les priorités de ma vie sont inversées. Renversées. Un négatif en vieux sépia presque effacé.

Oui. Surtout en juillet. Tout ce qui était si important ne l’est plus et soudain…

L’herbe devient verte partout, sauf sous vos pieds et vous n’avez de cesse que de vouloir aller l’admirer.

Là-bas.

Ce fichu là-bas qui a l’air si fabuleux. Tellement plus passionnant que son pauvre et banal ici.

Ici.
« Ici » n’est qu’un tout petit mot.
Deux lettres qui essaient d’en faire trois. Vraiment toute une histoire pour pas grand chose. Voilà votre pensée pendant ces mois où le soleil est le plus grand.
Ici est peu.

En revanche là-bas.
Aaaah là-bas est riche, fou, impétueux.
Là-bas est un bien surprenant mélange. Un tiret futile, un accent pour rien, un s sans son qui pourtant veut avoir le privilège du dernier mot.

Un mot de soleil parfait. Pompeux, emphatique, aimant à se faire remarquer. Tout ce qu’on veut pour un bel été.

Oui. À ceci près, là-bas n’existe pas.
Il suffit d’y aller pour s’en apercevoir. Il suffit d’y être et patatras, l’on n’y est pas.
On est ici.
Encore.

Ce fichu ici qui revient gâcher votre bel effet. C’est un peu comme demain.
C’est toujours un peu plus loin, pas beaucoup mais assez pour ne pas le toucher. Jamais. C’est un mirage de désert rusé. Malin, il sait nous faire avancer. Et nous, bon train malandrin, l’on marche. Au cas où. L’on marche pour l’on ne sait où. On marche, cheminant vers le mirage là-bas, l’on pense y parvenir demain. Alors, voilà, rien ne va plus. Parce que… Tout va bien.

00h05

J’ai tenu cinq minutes de plus.
Alors pour ce soir, j’ai gagné.
Enfin, je crois.

« Naïve et têtue. Le mélange parfait. »


Livre papier  |  La Peau du Temps —  Acte 1, Tempus fugit
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